No 81 Septembre - Octobre 2018

Chronique Dentaire

Les ponts sur implants, piliers engagés ou non engagés

Remplacer une seule dent à l’aide d’un implant est une procédure courante, bien intégrée au quotidien de la plupart des cabinets et des laboratoires. Par contre, remplacer plusieurs dents reliées entre elles en implantologie est plus que la somme des parties. Les règles et contraintes physiques qui s’appliquent normalement en restauration implantaire unitaire vont aussi être en jeu lors de la confection d’une prothèse fixe multiple, mais il y a tout de même des particularités additionnelles inhérentes à ce type de traitement. Il sera question ici des piliers porteurs spécifiques aux ponts sur implants dentaires.

Une dent unitaire doit être bloquée en rotation. La raison de cet impératif est évidente, une centrale ne peut se comporter comme une porte tournante. Quant à lui, un pont ne pourra pas tourner sur lui-même, pour la simple raison de la présence d’ancrages multiples.

Pourrions-nous quand même verrouiller en rotation chaque unité implantoportée d’un pont? Après tout, cela pourrait sembler être la suite logique d’une situation unitaire. Il suffirait d’additionner les mêmes pièces pour faire un pont. Il se trouve que cette façon de faire ne soit pas recommandée.

Il est déjà très complexe d’obtenir une haute précision d’ajustement lorsqu’il y a plus d’une dent, si on ajoute l’obligation de faire correspondre chaque unité aux systèmes anti-rotation des implants, on vient de multiplier les possibilités de problèmes et donc, les risques d’échecs. Comme l’anti-rotation n’est pas requis sur les dents jumelées, il faut utiliser des piliers spécialement conçus pour les ponts. Chaque manufacturier a dans son catalogue de telles pièces. Certains misent sur une connexion directe avec l’implant lui-même, tel que les bases en titane non engagées, que l’on voit de plus en plus sur le marché, alors que d’autres préconisent l’emploi d’un pilier secondaire, souvent conique.

Quand il n’y a pas de piliers secondaires, les piliers connectés directement aux implants, en plus d’être non engagés,iront aussi moins profondément dans l’implant pour ne pas être affectés par une possible divergence entre les implants.

Toutefois, si la position des implants entre eux a une différence d’angle prononcée, entre 25 et 30 degrés par exemple, l’utilisation d’un pilier intermédiaire conique permettra souvent de mieux optimiser l’insertion d’un pont sur des implants non parallèles, car les parois obliques des cônes vont justement compenser les divergences entre les implants.

Il arrive, mais pas toujours, que ce type de pilier soit conçu pour se verrouiller en anti-rotation dans l’implant, c’est plutôt la partie émergente conique qui n’a pas ce blocage.  À ce propos, très souhaitable d’installer en bouche au préalable les piliers intermédiaires, et de les serrer avec le couple nominal recommandé par le fabricant. L’empreinte finale pourra ensuite être prise à l’aide de cylindres transferts parfaitement adaptés aux piliers intermédiaires. Le prothésiste utilisera les répliques appropriées, et la prothèse pourra être confectionnée sur un modèle précis, sans inquiétude quant à la force de serrage des piliers. porteurs puisqu’ils auront déjà été serrés en bouche.

Il y a bien sûr des situations où les piliers intermédiaires sont installés sur le modèle de travail par le technicien. L’important alors est de bien s’assurer de serrer chaque pilier, non pas nécessairement au couple recommandé, mais avec une force égale pour tous les piliers, procédure qui doit absolument être reconduite en bouche.Vous comprendrez qu’il soit impératif qu’un pilier ne soit pas serré, enfoncé, plus qu’un autre.

Ce qui vient d’être illustré plus haut concerne les prothèses fixes transvissées. Si on souhaite cimenter en bouche un pont sur des piliers, sans accès aux vis de fixation, il n’y aura aucun problème à utiliser les mêmes piliers que pour les dents unitaires, car le principe de cimentation sera le même que celui d’un pont conventionnel cimenté sur piles naturelles.

La cimentation en bouche permet également de contourner le problème des trous d’accès aux vis qui seraient visibles normalement. Les piliers unitaires peuvent avoir leur orifice d’accès n’importe où, de toute façon, le pont final recouvrira le tout.

Dans la plupart des cas, il sera préférable de fabriquer des piliers unitaires sur mesure, pour pouvoir obtenir le parallélisme nécessaire à l’insertion du pont, sans égard à la position des implants dans l’os.